Présentation de l’Institut Français de Chirurgie de la Main spécialisé dans les pathologies du poignet – IFCM
Qu’est ce que le syndrome du cubitus ou ulna long ?
Le « syndrome du cubitus long » ou Ulnar impaction Syndom (UIS) de la littérature anglo-saxonne est la conséquence d’une variance ulnaire positive c’est à dire que le cubitus est trop long par rapport au radius.
L’ulna long peut être congénital ou acquis.
Cet index est mesuré sur les radios de face suivant plusieurs méthodes :
L’index radio-cubital inférieur est donné par la distance du point radial mesurée sur la perpendiculaire passant par lui à la ligne cubitale.
L’index radio-cubital inférieur ou variance ulnaire est neutre lorsque sa valeur est comprise entre plus ou moins 2 mm. Il est positif lorsque le point radial est au dessus de la ligne cubitale.
Au cours de la vie, l’ ulna a tendance à une « descente » lors des efforts et l’index radio-ulnaire distal se positive avec le temps. Enfin, le cubitus est long dans
des malformations congénitales telles que la maladie de Madelung.
La forme de l’extrémité inférieure de l’ulna est variable :
- la convexité de l’extrémité inférieure peut être très proéminante et susceptible de causer des conflits avec le carpe, réalisant un ulna long alors que l’index radio-ulnaire distal est normal
- la styloïde ulnaire peut être très longue et venir marquer son empreinte sur le triquetrum avec un conflit potentiel. Parfois, la styloïde ulnaire est inexistante.
Ces éléments vont ajouter leur pathologie propre semblable à celle du long ulna.Normalement, 80% des forces transmises du radius au carpe passent par le compartiment radio-carpien. Plus le cubitus est long, plus les forces passent par le compartiment ulno-carpien, entrainant une hyperpression interne du carpe.
Les lésions post-traurnatiques sont variables: déchirure du ligament triangulaire, fracture de la styloïde ulnaire proximale ou distale, enfoncement de la styloïde, fracture de l’ulna, luxation ou sub-luxation de l’ulna qui modifient la pression sur le carpe. La séquelle la plus fréquente des fractures du radius est l’ulna long avec sa pathologie secondaire : les douleurs les plus fréquentes après fracture du radius sont dans le compartiment interne de cette articulation.
Il peut y avoir une association de lésions dégénératives préexistantes et des lésions traumatiques.
Les mouvements répétés de pronosupination peuvent entraîner:
- une dégénérescence de la partie centrale avasculaire du ligament triangulaire avec une perforation plus ou moins étendue.
- une u sure cartilagineuse d’abord limitée au lunatum puis au triquetrurn
avec une disjonction complète des éléments de l’interligne cubito?carpien.
Quels sont les symptômes du syndrome du » cubitus ou ulna long « ?
Les signes cliniques sont des douleurs à la prono?supination et en inclinaison ulnaire du poignet avec parfois limitation de la mobilité et de la force.
Quels sont les examens complémentaires utiles ?
Les radios simples sont parfois normales, sauf s’il s’agit de séquelles de fracture du radius distal. Il est important de faire des radios de profil de l’avant-bras pour voir si le radius et l’ulna sont parallèle. Toute subluxation de l’ulna, en général postérieure, sera notée car elle peut être la cause de complications douloureuses après la plupart des techniques de traitement de l’ulna long.
Ce sont l’arthroscanner ou l’arthroscopie qui permettent le diagnostic précis des lésions (ulnar abutment syndrome des Américains).
Les lésions observées sont : des perforations généralement centrales et dégénératives du ligament triangulaire, des érosions cartilagineuses du dôme proximal du semi-lunaire et du triquetrum.
Cette arthrose ulno-carpienne et secondairement radio-ulnaire distale est la cause des douleurs. Elles ont longtemps été ignorées en raison de radios normales.
Quel est le traitement du syndrome du » cubitus ou ulna long « ?
Les interventions conservant l’articulation radio-ulnaire distale :
Le traitement sera un raccourcissement de l’ulna :
- les techniques sont nombreuses : section de l’ulna au dessus de l’extrémité distale de l’os et fixation par plaque, de préférence à compression, car ces ostéotomies ne consolident pas facilement. Pour d’autres ostéotomie en marche d’escalier avec résection de deux petits fragments osseux.
Le raccourcissement de l’ulna est indiqué chaque fois que la radio-ulnaire distale est bien orientée (de forme cylindrique), congruente et non arthrosique.
L’ostéotomie sera directionnelle, c’est-à-dire avec une résection en coin à base antérieure si l’ulna est sub-luxé en arrière.
Il est parfois difficile de rétablir la congruence de cette articulation et une arthrose secondaire peut se développer à ce niveau.
- L’intervention du Wafer qui est en fait la résection du dôme distal de l’ulna peut être pratiquée chirurgicalement ou par arthroscopie. Les suites opératoires en sont un peu longues malgré l’apparente bénignité du geste chirurgical, peut?être parce qu’il s’agit d’une intervention intra-articulaire.
Les interventions supprimant l’articulation radio-ulnaire distale :
- La plus ancienne est l’intervention de Darrach qui consiste à supprimer 12 mm de la partie distale de l’ulna. Cette résection doit s’accompagner d’une arthroplastie et d’une stabilisation de la diaphyse ulnaire restante. L’interposition fibreuse, la fermeture de la capsule, le resanglage du tendon de l’E.C.U. doivent faire partie de l’intervention qui n’est pas une simple excision osseuse.
- Les interventions de Bowers, réséquant l’os de façon oblique et de Watson, réséquant la diaphyse sur une oblique très longue sont des variations de l’opération de Darrach.
- L’intervention de Sauvé-Kapandji est une arthrodèse radio-ulnaire distale
accompagnée d’une résection d’un cylindre osseux en proximal par rapport à l’articulation. La prono-supination se fera dans cette espace créé en amont de l’arthrodèse.
Toutes ces interventions aboutissent à une décompression du carpe, les forces repassent en majorité par la radio-carpienne et la douleur disparaît. Les résultats sont variable sur la prono-supination.
Quels sont les risques spécifiques ?
Il peut y avoir dans toutes les interventions réséquant l’extrémité distale de l’ulna une pathologie du moignon ulnaire, surtout si celui?ci est saillant en arrière : elle s’exprime par des douleurs et un ressaut tendineux lors de la prono-supination.
Il peut y avoir aussi un rapprochement progressif des deux diaphyses ( ulnar impigement syndrome) qui sont en contact et provoquent des douleurs en prono?supination. Une stabilisation de ce moignon peut être pratiquée lors de la première intervention ou secondairement.