Présentation de l’Institut Français de Chirurgie de la Main spécialisé dans les pathologies du poignet – IFCM
Qu’est ce que la tendinite de Quervain ?
Fréderic de Quervain, chirurgien Suisse a décrit en 1895 la ténosynovite du long adducteur et du court extenseur du pouce deux descriptions antérieures ont été signalées, celle de Tillaux c’est le » aïe « crépitant et celle de Grais en 1893 sous le terme de » maladie de lavandière « .
On voit donc déja l’importance de la pathologie professionnelle, fréquente chez les secrétaires, les couturières, les blanchisseuses et dans la pratique de certains sports ou de certaines activités manuelles comme le sécateur ou le jardinage. L’apparition au décours d’une grossesse est également fréquente.
La prédominance fémine est nette et l’age de survenue se situe entre 40 et 50 ans.
La physiopathologie correspond a un conflit entre le contenu et le contenant avec un épaississement et une sténose de la coulisse ostéo-fibreuse qui entoure le long adducteur et le court extenseur du pouce.
L’autre mécanisme, est celui d’un premier compartiment dédoublé totalement ou partiellement et de multiples tendons, 2 a 5 pour le tendon du long adducteur et 2 tendons pour le court extenseur.
Quels sont les symptômes ?
C’est essentiellement une douleur au bord externe du poignet. Cette douleur est apparue le plus souvent progressivement en quelques semaines, mais parfois brutalement, elle gêne considérablement les mouvements du pouce. Cette douleur peut devenir très vive et très invalidante avec des irradiations douloureuses vers l’avant bras. Il existe très fréquemment un gonflement allongé engainant ces tendons au bord externe du poignet.
La mobilisation du pouce vers l’annulaire avec une flexion palmaire et inclinaison cubitale du poignet met en tension ces tendons et réveille la douleur : c’est la manœuvre test de Finkelstein, caractéristique de cette tendinite.
L’adduction contrariée du pouce et la prise pouce-5e contre résistance réveille également la douleur.Ii faut éliminer d’autres diagnostics et notamment la tendinite du long adducteur et des radiaux ou syndrome du croisement avec une symptomatologie douloureuse plus proximale et posténeure due à une bursite au niveau du croisement des tendons. Le syndrome de Wartenberg ou névrite de la branche anténeure du nerf radial. L’examen doit rechercher une pathologie associée, syndrome du canal carpien, doigt a ressaut, kystes synoviaux du poignets, etc.
Quels examens complémentaires sont utiles ?
La radiographie standard du poignet est le plus souvent normale. Une échographie peut confirmer l’inflammation tendineuse avec un tendon épaissi et une lame liquidienne englobant les tendons court extenseur et long abducteur du pouce.
Quelle est l’évolution de cette tendinite ?
Il existe parfois des guérisons spontanées. Mais dans un certain nombre de cas après un délai de 6 à 18 mois la douleur devient permanente empêchant toute activité professionnelle.
Quel est le traitement de la tendinite de Quervain ?
Le traitement est essentiellement médical car bien mené, il entraine une guérison dans 80% des cas.
Il doit associer :
- une mise au repos du pouce (arrêt des circonstances favorisantes),
- des anti-inflammatoires par voie orale et locale,
- un appareillage de repos la nuit.
Pour les cas résistants, une ou deux infiltrations locales de corticoïdes type Altim ® peuvent être utiles. La reprise du travail sera de toute façon aménagée et l’appareillage la nuit conservé 3 mois au total.
Le traitement chirurgical sera proposé dans les formes rebelles au traitement médical bien conduit ou lors des récidives douloureuses. Dans les formes majeures avec une tuméfaction importante, le traitement chirurgical peut être proposé d’emblée L’intervention est pratiquée sous anesthésie du membre supérieur et ne nécessite pas d’hospitalisation. L’incision cutanée au bord externe du poignet de 3 à 4 cm permet d’exposer et de traiter les lésions :
- les branches nerveuses sensitives du nerf radial responsables de la sensibilité de la face dorsale du pouce sont libérées et protégées.
- la coulisse ostéo-fibreuse qui est responsable de la compression des tendons est ouverte et l’inflammation synoviale enlevée. On vérifie que les tendons coulissent parfaitement.
- Une attelle maintient le pouce au repos pour 21 jours.
La guérison définitive n’est obtenue qu’en 3 mois. La reprise du travail doit être progressive et au mieux à un poste aménagé pour éviter une récidive qui est toujours possible.
Quels sont les risques spécifiques ?
C’est essentiellement de ne pas ouvrir assez la coulisse avec un risque d’échec de la libération, en particulier s’il existe de multiples faisceaux tendineux. Cela peut être aussi de l’ouvrir trop avec un risque de sub-luxation douloureuse des tendons.. Il peut y avoir une irritation gênante de la branche terminale du nerf radial si la cicatrice est très fibreuse. La plupart du temps ces phénomènes sont transitoires et l’amélioration est définitive.