Présentation de l’Institut Français de Chirurgie de la Main spécialisé dans les pathologies de la main – IFCM
Qu’est ce qu’une entorse du pouce ?
Le terme d’entorse signifie la rupture complète ou non d’un ligament.
Les ligaments sont des structures fibreuses qui maintiennent la stabilité des articulations et permettent l’utilisation de ces articulations sans déformation : en cas d’entorse du pouce dite grave (rupture complète d’un ligament) l’articulation devient instable et la fonction du pouce est altérée définitivement.
L’articulation du pouce entre la métacarpien et la première phalange possède deux ligaments principaux (ligament latéral interne et ligament latéral externe) qui peuvent être traumatisés voire rompus : l’atteint du ligament latéral interne (vers le deuxième doigt) est la plus fréquente et sera détaillée.
Lors de la rupture du ligament latéral interne (LLI) la prise pulpo-pulpaire entre le pouce et l’index devient difficile et instable par la perte de la stabilisation de l’articulation métacarpo-phalangienne du pouce.
Les ruptures complètes du LLI doivent être réparées chirurgicalement.
Quels sont les signes cliniques d’une entorse grave du pouce ?
Les entorses du LLI surviennent à la suite d’un traumatisme qui écarte violemment le pouce : la cause la plus fréquente de ces entorse est une chute au ski. Une chute sur la neige avec ou sans bâton provoque cette entorse. Le pouce est douloureux, le gonflement est minime. L’examen par un médecin recherche une instabilité latérale de l’articulation du pouce : le médecin empoigne la première phalange du pouce et lui imprime un mouvement de valgus (écartement du deuxième doigt) : en cas d’entorse grave le pouce peut être écarté anormalement avec une certaine douleur ; ce test signe la rupture du ligament et une intervention doit être pratiquée.
Du fait de la douleur et du gonflement ce test est quelques fois difficile à exécuter, et l’habitude du médecin entre en ligne de compte pour interpréter ce test ; un deuxième examen après quelques jours d’immobilisation peut être nécessaire pour affirmer le diagnostic.
Quels sont les examens complémentaires utiles ?
Une radiographie de face et de profil est faite : elle ne montre pas de fracture importante, mais quelques fois il existe un arrachement osseux minime à la base du pouce signant l’entorse. Le testing sous radioscopie confirme la laxité latérale.
Quel est le traitement ?
1 – Traitement non chirurgical.
Toutes les entorses ne justifient pas d’une traitement chirurgical : en effet la rupture du ligament peut être partielle ce qui ne déstabilise pas l’articulation : un traitement orthopédique sera proposé : immobilisation par une résine ou un plâtre non amovible qui bloque l’articulation métacarpo-phalangienne du pouce avec le poignet libre : elle sera conservée trois semaines. Après l’ablation de l’immobilisation, le patient récupérera progressivement la mobilité du pouce et doit rester prudent pendant deux mois. Si la mobilité ne revient pas spontanément quelques séances de rééducation seront nécessaires.
2 – Traitement chirurgical.
Les entorses graves ( rupture complète du LLI) doivent être opérées. Ce n’est pas une urgence absolue : le patient peut être immobilisé temporairement, avec l’accord du médecin (pour pouvoir finir son séjour ou rentrer à son domicile) pour être opéré secondairement : il faut que cette intervention soit faite dans les six jours pour avoir le maximum de chances de succès.
Le protocole opératoire :
- anesthésie régionale,
- hospitalisation de type ambulatoire,
- incision à la partie interne de l’articulation et réinsertion du ligament rompu : cette réinsertion est toujours possible quand elle est « fraîche »,
- immobilisation du pouce en post opératoire pour une durée de trois à six semaines selon les habitudes du chirurgien,
- des séances de rééducation sont nécessaires en règle pour récupérer une mobilité complète du pouce,
- pas de sport ou d’efforts avec le pouce pendant 4 mois.
Quels sont les risques évolutifs ?
La méconnaissance de la lésion :
Elle peut survenir pour diverse raisons que nous ne détaillerons pas. Le patient présent une difficulté à utiliser son pouce, à laquelle il est souvent habitué (elle existe quelques fois depuis plusieurs années). Les douleurs sont rares. Lors de la prise pouce index le pouce « fuit » lors de la pression de l’index.
Une intervention chirurgicale peut être proposée -si le patient le désire- pour stabiliser le pouce :
deux possibilités :
- une reconstruction du ligament sera proposée si à la radio l’articulation n’est pas altérée : les résultats de cette intervention sont en règle satisfaisants.
- si l’articulation est altérée sur la radio (signes d’arthrose) : il faut alors proposer le blocage de l’articulation (arthrodèse). Ce blocage est définitif et la fonction de la main sera parfaite malgré ce blocage.
Échec du traitement initial soit :
- mauvais choix thérapeutique initial : immobilisation d’une lésion qui justifiait d’un traitement chirurgical,
- échec d’une réinsertion du ligament,
- le protocole précédent sera proposé.
Complications :
Elles peuvent survenir quel que soit le type de traitement ; raideur du pouce, algodystrophie etc. Elles justifieront d’un traitement spécifique.